lundi 21 mai 2018

Toits et Moi

En sa contre plongée sur les toits de Paris
Le regard embrasse d’incongrus paradis,
Tout proches et pourtant loin des perspectives planes
Des façades hautement policées de Haussmann,
Celui de ces faubourgs, sédiments des torchis
Qui poussèrent sans plan, en totale anarchie.

Dedans les reculées et sombres arrières-cours
De ce royaume indu, où seul le zinc a cours
La vie coule indifférente aux bruits assourdis
Que la ville alentour en fond sonore ourdit.

Plus haut, sans vis-à-vis, la vie est invisible !
Comme uniques arbres, des antennes ostensibles
Et s’y éparpille le ciel aux mille coins
Lorsqu’il se reflète dans les lucarnes, au loin.

Au lever du soleil, tout comme à son coucher,
La pointe de ces Monts [de fer]-Blanc intouchés
Se teinte d’un rose très doux et sans épines,
Furtive floraison qui trop vite décline.

On imagine un intrépide Belmondo
Courant sur les nus-toits, glissant après sa cible,
Au vertige rendu par sa course insensible.
Ou bien, un poète oublié sous les rideaux,
Caressant ce chat noir langoureux qui minaude
Et d’une fenêtre l’autre, se baguenaude.