lundi 6 août 2018

Songe d'Une Nuit d’Étais


Le ciel étoilé des nuits d’été bucoliques
Évoque l'épique, évoque d'autres époques.

L'homme des Cavernes voyait ces mêmes astres
Face à eux effrayé, présage d'un dés-astre ?
Saisi d'un vertige par leur danse immuable
Par eux soudain conscient de l'Immense impalpable.

Ces amas constellés, Ptolémée les sondait
Âmes-lumière ailées, par ses noms fécondées
Squelettes, chimères, silhouettes de dieux nus
Qui nous semblent aujourd'hui tout à fait incongrus.

S’en allant sans retour dans le grand Atlantique,
Aux étoiles Colomb envoya sa supplique,
Questionnant sa folie et scrutant dans la brise
Le signe annonciateur de la terre promise.

En moi, ce même ciel des douces nuits d’étais
Est Le lieu que la vie n'a pas désenchanté,
Semblable aux gravures dans mes livres d’enfant,
Témoin d’anciennes peurs, et d'émerveillements.

Seul endroit que l’Homme n’ait pas pu concasser,
Trait d’union pour nos yeux d'avec notre passé,
Ces étoiles encore surbrillent dans la nuit,
Ces étoiles encore survivent à l'ennui.

mardi 24 juillet 2018

Anticipations Rationnelles au Tour de France


Lors d'une étape, les hommes échappés
Vivent le Dilemme du Prisonnier.
Comme s’ils étaient pris dans une nasse
Ils se trouvent en équilibre de Nash.

Oui, chez ces cyclistes l’unique espoir
Pour pouvoir se disputer la victoire
Est de creuser leur avance qui fond
Faite avec le peloton d'exécution,
Dont ils ont rompu les rangs tout à l'heure
Et qui poursuit leur groupe à toute allure
En les tenant d’une laisse invisible,
Inoffensifs, à la distance cible.

Or, chaque échappé pour se reposer,
Vampirise la roue de l’équipier
Qu'il suce pour jouir de l'aspiration,
N’allant pas devant sans compensation.
Chacun se dit que l’autre, ce parvenu
En profitera la ligne venue
Pour lui voler froidement la victoire
Et s'envoler sans retour vers la gloire.

Ainsi, pour gagner la lutte finale
Chaque échappé ménage sa pédale
Et leur écart fond ! C'est vite sensible,
Car ensemble tout devient impossible !
Et voilà que tous ils passent à la trappe
Non parce que le peloton les rattrape
Mais faute d’avoir su collaborer
De concert pour atteindre l’arrivée.
……………………………………………
Morale : 
Certains, guidés par leur avidité,
Croient ne rien devoir à la société
D'orgueil aveuglés, sans autre horizon...
Que le bout racorni de leur guidon.


lundi 18 juin 2018

Révolution Copernicienne à l’Adolescence


Enfants, nos parents sont pour nous le soleil fixe
De ce monde étrange qu'au loin nous percevons
Et qui semble tourner autour d'eux bien en rond.
Qu'ils sont alors puissants dans notre esprit prolixe !

Valeurs-refuges nous aimant,
Géniteurs et étalons-or
Tout contre lesquels on s’endort,
Qui calment nos rages de dents.

Une fois adultes et univers d’expansion
Nous nous éloignons d'eux, qui d'eux-mêmes s'en vont
Dans une des banlieues lointaines aux environs
Du monde productif dans lequel nous vivons.

A nos yeux, les voici comme démonétisés,
Des valeurs au flottement généralisé,
Car ce monde, que nous pensions qu’ils maîtrisaient,
Comme ils l’avaient subi ! Comme nous désormais !

Et lancinante alors est la rage dedans,
Qu'apaisent à grand-peine les dimanches émollients.



lundi 21 mai 2018

Toits et Moi

En sa contre plongée sur les toits de Paris
Le regard embrasse d’incongrus paradis,
Tout proches et pourtant loin des perspectives planes
Des façades hautement policées de Haussmann,
Celui de ces faubourgs, sédiments des torchis
Qui poussèrent sans plan, en totale anarchie.

Dedans les reculées et sombres arrières-cours
De ce royaume indu, où seul le zinc a cours
La vie coule indifférente aux bruits assourdis
Que la ville alentour en fond sonore ourdit.

Plus haut, sans vis-à-vis, la vie est invisible !
Comme uniques arbres, des antennes ostensibles
Et s’y éparpille le ciel aux mille coins
Lorsqu’il se reflète dans les lucarnes, au loin.

Au lever du soleil, tout comme à son coucher,
La pointe de ces Monts [de fer]-Blanc intouchés
Se teinte d’un rose très doux et sans épines,
Furtive floraison qui trop vite décline.

On imagine un intrépide Belmondo
Courant sur les nus-toits, glissant après sa cible,
Au vertige rendu par sa course insensible.
Ou bien, un poète oublié sous les rideaux,
Caressant ce chat noir langoureux qui minaude
Et d’une fenêtre l’autre, se baguenaude.

lundi 26 mars 2018

Les Parisiens


Qu’ils ont de ces têtes, les Parisiens !
Orgueilleux autant que des Pharisiens !

À voir leur tête qui l’veau bien, ils semblent
N’apprécier jamais d’être mis ensemble
Mais cependant viennent s’agglomérer,
En l’agglomération s’agglutiner ?!

Tous les jours leur visage prend le masque,
Dur et cassant pour les êtres fantasques,
De celui qui est de tout revenu
Et n’veut rien voir de toi, ni qui es-tu.
Et pourtant, qu’il crue, qu’il neige ou qu’il grève,
En ces beaux moments d’entraide ou de trêve,
Ce masque alors tombe sans coup férir,
Laissant voir, inattendu ! un sourire !

lundi 5 mars 2018

Les Champs Economiques


Le damier des champs, vu des hauteurs,
Cet Arc-en-Terre tout en couleurs,
Jadis voyait ses colorations
Suivre le changement des saisons.

Mais aujourd’hui il fluctue au rythme
Qu’un tel décide par algorithme,
Au rythme du cours des subventions
Ou des soutiens à l’exportation.

Cours qui poussent, envers et contre tout,
À épargner ce bosquet debout
Ou multiplier cet effet de serres
Qui recouvre nos champs de verrières.

À planter blé jaune ou maïs vert
[Voraces cultures fourragères !]
Ou laisser ce champ-là en jachère
[Alors que la denrée est si chère !].

La nature, plus que des saisons,
Dépend aujourd’hui des subventions !
La Raison humaine a ses raisons,
Aveugles aux saisons, c'est l’oraison.



lundi 26 février 2018

Mise en Abîmes

Boire à la bouteille, en bateau ivre
De l’ivresse des profondeurs
Où le soleil pâlit comme une lune.

Se mouvoir au rythme du logarithme
Dans ce monde du non-linéaire,
Sous le ciel de l’exponentielle.

En cette densité pourtant se sentir léger !
Oui, dans ces fortes pressions
Faire fi des terrestres pressions.

Au sein de la ressource halieutique,
Replonger dans le liquide amniotique
Et se faire une bulle au sein de ces bulles.

Ici, où tout survit et où tout meurt
Voir le cycle de la vie, évident,
Qu’à terre l’on oublie trop souvent.

S’avancer, le visage masqué,
Dans un carnaval de couleurs
Improbable de probabilités !

Comprendre Darwin et ses combinaisons
Durant cette Évolution parmi les protozoaires,
Unicellulaires mais doués d’autonomie, déjà
Avec leurs stratégies de survie, mutines.
  
Chercher à économiser l’air
Gaspillé en vaines paroles à terre
Pour se donner l’air
Et se taire. Monde de silences en mer.

Y saisir que l’air, tout comme la liberté,
Impalpable et gratuit à terre,
Ne prend sa vraie valeur
Que lorsqu’il nous est compté.

Surtout, surtout, voler ! Sous l’eau !
Rendant grâce à Archimède,
D’un geste de palmes, académique
Épousant le relief des coraux.
………………………………………….

Las ! Refaire surface, à l’air qu’on dit : libre
Et se sentir étouffé…parmi la nuée,
Tout comme cet Albatros, bien empêtré.


jeudi 8 février 2018

La Mémoire de l'Eau


Un homme au cœur pourtant desséché
Soudainement se met à pleurer
Lorsqu’il évoque ces violences
Après cinquante ans d’un lourd silence.

Une femme à la peau toute craquelée
Pense à ces eaux-fortes qui coulaient
Au moment de ses étreintes physiques
Bien des années après, dans sa clinique.

La rose d'un désert recuit
Renaît d'une éphémère pluie
Se souvenant qu'elle n'est pas morte
Quand l'eau du ciel enfin lui fait cohorte.

Eaux de la mémoire, mémoires de l’eau !

samedi 27 janvier 2018

La Courbe des Ans

En mon for intérieur un être faible gît,
Oh combien erratique est son chemin de vie !
Quant à mes actes ils assouvissent des désirs
Eux-mêmes au jour le jour résultats du Hasard.

Cependant, me déniant ce libre opportunisme
D’obscurs statisticiens crient au déterminisme !
Mes anticipations pour eux sont rationnelles
Et mes passions même n’ont rien d’irrationnel !

Ce que j’ai d’intime, ce que j’ai d’intérieur,
Est agrégé par eux au Produit Intérieur.

A leurs yeux je ne suis qu’un point sur une courbe
Qui stagne en ce moment, et cela les perturbe !
Mais, croyez-moi, je fais ce que je peux pourtant
Pour y croî(t)re encore, et aller de l’avant !

Pour eux simple donnée d'abstraites équations
Au fond de moi je sais mon inadéquation
En ce temps où je sens ma propre trajectoire
Comme l’économie, commencer à déchoir.

Et quand j’entends certains prôner la décroissance,
Qu’ils sachent que pour moi, déjà, elle s’avance !
Quand s’éloigne à grands pas ma douce adolescence

Et mon potentiel, avec elle, de croissance…


jeudi 18 janvier 2018

Le Fil d’Ariane des Pensées

Lorsque je suis en attente d’idées,
Tout comme fait la patiente araignée
Je tends d’abstraites toiles aux mauvais vents
Puis, sans bouger, je me fige en rêvant…

Que vienne l’Inspiration, belle obole !
Toute vibrante encore en son envol
Et tintinnabulante en sa lancée,
Se prendre au fil d’Ariane des pensées.

Sur Elle alors, je vais en bondissant !
Pour en tirer le plus bel aliment,
Ration de mon imaginaire aride
Dont j’aspire jusqu’à la moelle, avide !

Échouée, lamentablement, en lambeaux,
D’Elle ne subsiste que sa carcasse
Tandis que, repu je pars au repos,
A l’affût, des prochaines idées qui passent.

lundi 1 janvier 2018

Le Mythe de la Caverne

Lorsque j'étais enfant, coupé de la vraie vie,
Le monde tout entier, péri et féeries,
Dans des livres s’ouvrît, ceux de géographie,
Ouverts à mon regard ivre d’iconographie.

Ce sont ces manuels qui dès le plus jeune âge
Me firent découvrir dans leurs arides pages
De tous les peuples de la Terre le visage,
De tous pays, mêmes austères, les paysages.

Aujourd'hui encore, nombre de mes voyages
Se font dans ma tête avec d’ abstraites images
Et je vis à travers ce qui m'est relaté
Avec l’espoir mince que rien n’est  frelaté.

Oui, du vaste monde, ma grande connaissance
Est cet enseignement que j’ai pris, à distance
Et déjà je pressens que ma biographie

Pourra se résumer… en bibliographie.