lundi 10 août 2015

Le Cartel Corporel


Lorsque je ne suis plus qu’esprit, et que mystère
Dialoguent les lobes de mes deux hémisphères
Et se connectent entre elles mes synapses grises,
D'ébauches de pensées créant le synopsis.

En ces moments alors, quand je viens à penser
Étonnamment surgit des cellules grisées
Toute une débauche d’images colorées
Par électrochimique alchimie enclenchées.

Tandis que le reste de mon corps vit, et meurt,
Baigné d’humeurs insensibles à mes humeurs,
De fluides indifférents de toutes les couleurs
Glissant fielleusement mais souvent sans douleur.

Malignes, des cellules y enflent et prolifèrent
Tandis que d’autres qui sans cri se sont tues, meurent.
Vie parallèle où tout un monde grouille et sourd,
Que je ne perçois guère, vrai dialogue de sourds !

Et il y a désormais bien longtemps que mon cœur
Fît sécession de moi après bien des rancœurs,
Qu’il clame avec ardeur haut son indépendance,
Sachant que vitale est à lui ma dépendance.

La greffe avec ce cœur jamais vraiment ne prit !
Et il bat chamade au rythme qu’il se choisit,
S’arrêtant, vrai farceur, entre deux battements,
Privé d’oxygène, laissé anxieusement !

J’ai bien pensé j’avoue, à m’en débarrasser,
Oui, mais quelle femme voudrait d'un cœur usé ?

Il n’y a bien que lors des forts moments charnels,
Quand le corps, et l’âme, sont tenus en éveil
Que tout ce monde-ci peut se réconcilier
Et rendre unité à mon être écartelé.

Qui ne fait plus dès lors qu’un unique et seul corps,
Mais ces moments sont brefs, je le sais bien, par cœur...