mardi 14 juillet 2015

Dans la Marge






 




Je suis le marginal.

Je vis là où se finit votre ville,
Dans son piémont de murs, artificiel,
Au pied de vos immeubles, à l’air si sûr,
Là où l’Homme redevient la mesure.

Où se dissout dans l’anarchie totale,
Envers du décor, revers de médaille,
L’illusion de la maîtrise esthétique
Que donnent vos perspectives historiques.

Maîtrise du temps et de la nature
Dont Ils se glorifient, qui les rassure,
Tant l’air de la ville qui les rend libres,
Tant l’air de la ville les rendît ivres !

Ici va s’achevant la métropole lisse,
Cette orgueilleuse et si fière Métropolis.

Entrepôts car il vous faut bien manger,
Affiches car il faut bien consommer,
Routes et rails car il faut bien s’évader,
Cités-dortoirs car il faut bien dormir,
Cimetières car il faut bien mourir !

Le beau est mort et la mort même est fonctionnelle 
Et il n’y a plus guère que les grandes grues, elles
Qui tout au loin, libres !, donnent le sens du vent
Ou bien les fumées des usines en s’élevant.

Sur le grand cahier dans la marge
De cette ville où tout est cris,
De cette ville où tout s’écrit,
Je crie ce texte de la marge.