lundi 8 décembre 2014

Mineur de Front


En ligne de mire quand j’ai rimes, et lignes,
Soulevant en passant des poussières malignes,
Alors, profond je vais, la lumière à mon front,
Descendre en mon esprit, comme un mineur de fond.

Piochant à l’aveugle et cherchant la riche veine
Dans mes noirs souvenirs, avec un peu de veine
J'arrive à extraire quelques idées exsangues
Qu'encor je dégrossis de leur grossière gangue.

Je les étaye tant bien que mal, effrontément
Pour éviter (coup de grisou !) l’effondrement
Des châteaux de cartes de ces pensées fugaces
Et sur place pesant leurs mots à la balance.


Puis, ce brut matériau je le monte à l’air libre
Dans la lumière crue où vaguement il vibre,
Ciselées puis polies je rends alors brillantes
Ses toutes multiples et abstraites facettes.

Ces réflexions ne sont pas un quelconque strass
Aux lueurs furtives, ces parures du stress
Mais l’ardue matière, authentique et fossile
Qui ne fut jamais de ma pensée le faux cil.

Tout en n’oubliant pas que le plus pur diamant
N’est que du carbone, qui dégage en brûlant
De la chaleur, certes mais de noires fumées,
Toujours anxiogènes et peu oxygénées !