lundi 1 décembre 2014

Incarcération de l'Incarnation


Prisonnière de mes cellules
Qui l’encerclent avec leurs bulles,
Mon âme à vie est enfermée.
Elle y a pris perpétuité
Sans avoir été condamnée,
En corps serrée, comme damnée.

Recluse en incarcération,
Les os de mon incarnation
Sont pour elle de durs barreaux
Et elle se tient à carreau
Dedans la cage thoracique
Qui toujours lui coupe la chique.

Nul ne peut saisir le Pourquoi
Du fait qu’elle hante cet antre
Et ce corps-ci, plutôt qu'un autre ?

Ni, derrière ce mur de chair,
Quelle est la faute originaire
Qui a pu la conduire là ?

Mais, close en ces quartiers d'haute-sécurité
Elle est par ton parloir très souvent visitée,
Et la veillent tes yeux, miradors adorés,
Qui lui sont comme anges, gardiens de sa prison.

Et puis, et puis, de jour, de nuit, pour s’en aller
De la tête entourée de sa barbe et halée,
Les rêves autorisent une grande évasion,
Loin de cette maison, loin de toute raison.