lundi 27 octobre 2014

Les ventres de Paris

Comme un énorme anneau gastrique
Le boulevard périphérique
Cette grise circonférence,
Coupe le ventre de Lutèce,
Si célèbre nombril du monde,
Des petites ceintures rondes.

Les bretelles soutiennent au centre,
Des bourgeois aisés le gros ventre,
Estomaqués, raideur du geste,
Pour qui il y a eux, et le reste,
En proie à d’indigestes peurs
Et au « Mais que fait la police !? »

Au-delà, les malfamées meutes
Affamées et promptes aux émeutes
Leur crient « Pourquoi tant d’injustices !? »
Quand même un Jack l’éventreur
N’attaquait que de faméliques
Ouvrières aux faubourgs étiques.

Comme l’huile avec le vinaigre,
Ces deux mondes aux contacts si maigres
Qui restent dans leur bulle enclos
Sans se mélanger…Agglomèrent.

Et au quotidien, sans manières
Se déverse en plein centre un flot
Qu’engloutit le glouton goudron
En éternelle congestion,
Lent organe de digestion
Bouché et en constipation.

Les dépassements, les zigzags
Dégagent de gazolés gaz
Qui créent d’intestines colères
Alimentant bien des ulcères.

Cependant qu’en le sens inverse
Paris décharge la dépouille
De ses ripailles sans pareil

En sa rouge banlieue…d’aisance.