lundi 8 septembre 2014

De Profundis (Ô, mer, appareillons)




Qui a bien pu dire que poussière nous serions
Et grains de poussière nous redeviendrions ?

Car d’eau nous sommes faits ! Et eau redevenons !
C’est le cycle et la roue de l’eau, où nous tournons
Et lorsqu’on monte au ciel, dit-on, après la mort
C’est dans un nuage…puisque tout s’évapore.

Un jour, quand tombent en pluie les trépassés, la mer
En boit les molécules en ses gouffres amers
Où sa forte pression, réputée si terrible
Les recombine, pour les rendre atomes libres
Dans le sein froid de ses profondeurs insondables
Où éternellement leur ennui sera calme.


Un jour, cette eau salée, comme autrefois leurs larmes,
Débordante de gouttes et d’un vain vague à l’âme,
Revient, ressurgissant comme en résurrection
Sur la rive des terres où était leur maison,
Qu’elle vient caresser en incessant ressac
Sous la lueur pâle aux lunes mélancoliques.


Ou, tempétueuse, une lame s’élance !
Main de mer houleuse, peut-être en souvenance
Du quotidien de leur humanité grouillante,
De feu la violence, et des guerres sanglantes,
Violemment s’en revient ! En frappant la jetée
Avant d’être encore (…) et toujours rejetée.


Souviens-t-en, voyageur qui navigues au soleil
Dans l’azur triomphant aux lumières vermeilles,


Ou toi, qui contemples ce ciel serein d’été
En voyant ces nuages aux formes tourmentées.