lundi 3 mars 2014

Entropique du cancer



Les villes me semblent un très insidieux cancer
Qui lentement s’accroît et même prolifère,
Aux cellules grises qui grignotent le vert
Et puis sans rémission, en silence prospèrent.

Tout comme des tumeurs, diligentes et malignes,
Obscurément maillées par un réseau de lignes
Où courent en vitesse tant de vies qui s’enfuient
Elles ne s’activent vraiment que dans la nuit.

Là, d’apprentis sorciers, des bâtisseurs d’en-pire
Transmutent en pierre leurs royaumes et empires
Donnant à nos rêves les plus fous consistance
Par ces excroissances privées de cohérence.

Leur viabilisation tue l’herbe d’élevage,
Précédée de routes, ces mauvais présages
Qui irréversiblement conduisent au mitage
Rejoignant même un jour le lointain ermitage.

Zones d’activité que l’on dénomme parcs,
Abris de ces temples où les marques se démarquent,
Éparpillés le long de ces grises rocades
Derrière lesquelles nos vies se barricadent.

Oui, leurs casemates d’autres humains nous isolent
Sur nous se refermant comme des camisoles
Qui ne crèveraient bien qu’à coups de bulldozers,
Mais ce geste espéré nul d’entre nous l’osèrent.

Quand signera-t-on donc une vraie convention
Pour arrêter un jour leur prolifération ?
Et dans leurs documents de rigide urbanisme
Insèrera-t-on des rudiments d’humanisme ?