lundi 9 décembre 2013

Transports amoureux



Parfois mon train, en glissant sur ses rails
En rattrape un autre en tout point pareil.

Dans le vacarme, avançant de concert
Leurs rames s'écartent puis se resserrent,
Dangereusement d'un coup se collant,
Pour s'éloigner définitivement.

Alors, elles lancent un cri strident
Lorsqu'elles n'ont plus la même vitesse
Ou qu'entre elles un obstacle se dresse.

Ces deux trains s'acheminent identiques
Aux soubresauts autrefois cahotiques
De notre vie de couple, chaotique :

Tous deux en parallèle convolâmes,
Le long des belles années cheminâmes
Avant qu'en vain, impuissants l'on ne voie
Pour toujours s’écarter nos deux convois.

Pourtant, sans agir nous laissâmes choir
Pour ne pas qu'un jour la date butoir
N'arrive où, sans même crier gare
Notre histoire eut fini dans le heurtoir.

Puis chemin [de fer] faisant je vis l'Autre !
Qui m’eût dit qu'un train en cachait un autre ?

Et voici que s'ouvre La perspective
D’être happé par cet amour, belle esquive !
Et d’aiguiller avec entrain et zèle
Sur sa ligne de fuite aux yeux nouvelle.

Depuis cet instant l'espoir me motive,
Moteur de ma vie, et locomotive.